31/01/2007

Pour se venger d’une carotte…

…et de bien d’autres choses.

Par miss Terre de Paris

Il en a chié toute sa vie, Auguste Comte. Et maintenant qu’il est mort, les pigeons continuent à lui chier dessus. Place de la Sorbonne , les chiures des bestioles et les coulures de bronze lui ont gravé un masque de larmes, lui ont balafré les joues de rivières noires. De son regard triste, il fixe le bar tabac d’en face. Ses yeux évitent de croiser ceux des étudiants (il)lettrés qui fument à ses pieds qu’il n’a même plus. Il n’est plus qu’un buste, surmonté d’une tête que les potaches des manifestations de mars 2006 avaient coiffé d’une carotte de signalisation. Ca nous avait encore bien fait rire, cette histoire, mais à ses dépens.

Les jours durant, les mois durant, les années durant, il supporte les vagues bariolées des étudiants, sac à dos east-pack sur les épaules, oreillettes dans les feuilles, fripes indiennes « made in china » sur le dos. Ces mêmes qui, à son époque, bien qu’accoutrés différemment, lui plaquaient le surnom de Sganarelle . Pour son côté bouffon ou pour le peu d’intérêt qu’il portait à sa conjointe, qui sait, on s’en fout. Qu’irait-on encore charger un si lourd curriculum vitae ?

Il a sombré dans une sordide dépression qui jamais ne guérit. Il échoua dans sa tentative de suicide. La femme qu’il aimait, jamais ne répondit à ses attentes. Elle mourut. Sa conjointe, ex prostituée, qu’il avait tirée de la rue, le quitta. Il fut démis de ses fonctions. Il ne vit (presque) jamais son fils.

Le plus beau dans cette vie de merde (restons dans le champ lexical de la matière organique), ce sont les théories qui fleurirent de ce terreau d’immondices : celles du positivisme . Aucun rapport avec l’optimisme, certes. Mais permettez-moi d’y voir au moins un joli bras d’honneur à toute cette sombre vie. Il faut positiver, Auguste !

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