15/01/2007

Une môme est née

Par Miss Terre de Paris

Ils rigoleraient bien, les gosses des cités, si je leur parlais d’accordéon. Pour les enfants perdus, la seule mère, c’est la rue. C’est la berceuse aux yeux plissés et à la grimace rageuse de la rappeuse Keny Arkana qui le dit. Pourtant, tous les mômes allaités au biberon-béton ont une grand-mère. Et si leur mère c’est la rue, c’est aussi la rue qui a donné le jour à leur mamie.

La môme, petit oiseau tombé du nid sur le trottoir du 72 de la rue de Belleville. Petit piaf qui à force de piailler, a rendu célèbre sa voix nasillarde, filtrée par les enregistrements d’époque. Les mômes d’aujourd’hui ignorent sans doute tout ce que la môme d’hier a pu endurer. Celle qui chantait comme un moineau s’est brûlée les ailes le jour où les ailes d’un avion ne surent pas porter un certain Marcel Cerdan . C’est qu’on a tort d’essayer de retenir ses milords quand on s’appelle Édith Giovanna Gassion.

Quatre-vingt-douze ans après, Edith Piaf n’a toujours pas quitté le village de Belleville. Là, à cet endroit où elle a poussé ses premiers cris. Là où l’on aperçoit la tour Eiffel encadrée par les immeubles qui s’accrochent de toutes leurs pierres aux flans de la colline. C’est une parisienne du nord, une vraie. C’est peut-être pour cela que, longtemps, j’ai naïvement cru qu’elle chantait, « Paname , paname, paname… des veux-tu en voilà, par paquet. Et tout ça pour tomber juste au coin d’la rue… »

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