21/01/2007

Apaches de Craonne

Par Mister de Paris

Il y en avait pour sûr des Apaches au Chemin des Dames , des Mohicans de Paris, des gars de Charonne et de Belleville, des porteurs de casquettes, avec au choix et selon les clans, la Deffe, la Grivel ou la Panet. Il y en avait dans la boue des tranchées, gluant au froid, dans la mixture putride de la chair à canon, des titis prompts à sortir le surin ou le revolver. Il y en avait, terrés, ici, dans cette carrière oubliée du Chemin des Dames, non loin de Craonne et de sa chanson . Ils y étaient au repos, les parigots, avec d’autres, avec tant d’autres, avant l’assaut. Sur l’une des parois de craie, parmi la peur au ventre graffitée par les centaines de soldats allemands, français, américains, qui se succédèrent au gré des déplacements de la ligne de front, on découvre « Honneur à la popote » d’un Apache de Paris. On y voit, à gauche, Amélie Hélie, l’égérie des truands, la rivale d’une autre prostituée, la Panthère. On y voit aussi, à droite, un Titi, Manda ou Leca, ennemis à jamais pour la conquête d’Amélie. Il y a aussi ce cœur qui saigne et ce flingue qui signe. Ici est passé, un Boit sans Soif, un gars de Paname. Combien de truands sont morts au Chemin des Dames ? Combien sont montés à l’assaut le Lebel en main, les molletières pouilleuses et le casque trop lourd ? Parmi eux, étaient quelques Apaches. Ils y sont morts au champ d’honneur comme la Belle Epoque qui fit leur légende. A Paris, les monuments aux (truands) morts se coiffent, en secret, d’un casque d’or, c’est bien connu.

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