23/04/2007

Monte en l’air

Par Mister et Miss Terre de Paris

Quand Paris dort, les monte en l’air s’éveillent. L’échafaudage est là, résillant le vieil immeuble repéré depuis des semaines. Si tentant. Suffit de monter, de passer la palissade, à ses risques et périls, d'escalader pour gagner les greniers ou mieux, directement les toits. Grimper sans bruit, tout courbe, se méfier de chaque pas, se parler à voix basse, tout en économie, des fois qu’en bas un vigile trop zéou un voisin délateur...

Voilà, on y est, sur les toits de Paris, les baskets bien collées au zinc. On cherche ses repères, on se discipline l’instinct et le vertige. Paris est là, tout assoupi, piqué de ses grands monuments orgueilleusement éclairés. On Arsènelupine, comme de vrais monte en l'air, sur les faîtes zingués, la main courante lissant le garde corps posé, il y a des lustres, par les ouvriers couvreurs. On chuchote et on se rassure, les yeux précis plantés à gauche sur la tôle en pénombre. Ne pas regarder à droite, là où le vide jauge trente ou quarante mètres. On cherche la voie qui nous conduira sur la crête par de là laquelle brille un morceau de ville ; but de l’escapade. On plisse les yeux, cherchant le passage, la gouttière ou la corniche, qui conduit au balcon espéré. Un passage difficile ? On s’encourage. Encore cent mètres de crapahute, laisser à gauche quelques cheminées et là : La Place Vendôme , vue de dessus.

On reste tapi sur le toit du 23, comme des apaches en planque. Quelques touristes pistent les clients du Ritz, quelques autos trop mobiles rayent de jaune et de rouge le temps de pause de nos photos souvenirs. On sourit à se savoir à deux toits du Ministère de la Justice, ou encore à ceux des plus grands joailliers. On s’en retourne enfin, après un repos de deux heures à épier la ville, à sentir son ciel. On redescend comme Fantômette, Fantomas, Cartouche ou Lara Croft ; chacun son trip mais toujours, à pas de loup. On feinte une dernière fois le vigile, on escalade la palissade. Ca y est, on est à la rue. Le debriefing se fait immédiatement au Harrys Bar .

PS : Ces balades sont parfaitement dangereuses et interdites, qu’on se le dise. On ne s'improvise pas toiturophile. On peut néanmoins les réaliser de façon confortable en se procurant ce beau livre.

18/04/2007

L'arbre en pierre de Paris

Par Miss Terre de Paris

Qui veut chercher un trésor s’arme de sa pelle, de sa poche, et en avant. Le voilà alors qui creuse aux abords des châteaux, des vieux arbres, des nécropoles. A Paris, il existe pourtant un trésor méconnu qui, au lieu de se terrer six pieds sous terre, s’étale… en haut d’un escalier. Mieux, ce trésor se trouve lui-même au sein d’un autre trésor trop longtemps ignoré : la tour Jean sans Peur. Attention, record ! Elle demeure à ce jour l’unique vestige de construction civile du moyen âge subsistant à Paris.

Nous sommes en 1407. Le roi Charles VI est atteint de folie. Qui pourra bien lui succéder ? Jean sans Peur, alors duc de Bourgogne, a trouvé une solution radicale. Il fait assassiner le frère du roi, le duc d’Orléans, et se retrouve maître de Paris. Tant pis si la guerre civile éclate aussitôt après la nouvelle répandue, entre les Bourguignons (partisans du duc de Bourgogne), et les Armagnacs (partisans du duc d’Orléans).

Jean sans Peur n’a que faire et gouverne depuis l’hôtel de Bourgogne à Paris. Quelque chose le gêne pourtant. Comme une sensation d’inachevé, un manque. Enfin, il a trouvé !

Quatre ans plus tard, en 1411, les parisiens découvrent la tour achevée que Jean sans peur vient de planter sur son hôtel, comme symbole de son pouvoir. Et pour cause : la tour domine l’hôtel de Bourgogne et sans doute, le tout Paris de l’époque.

Quant au trésor dans le trésor… Au sein de la tour, l’escalier d’honneur (un escalier à vis) s’enroule autour d’un tronc en pierre qui s’achève sur les branches d’un arbre pétrifié, taillé sur place. Un chef d’œuvre unique en France.

Un arbre ? Ou plutôt trois entrelacés : le houblon, symbole de Jean sans Peur. Le chêne, symbole de son père, Philippe le Hardi. L’aubépine, symbole de sa mère, Marguerite de Flandre.

Beaucoup d’efforts pour peu d’effets : en 1419, Jean sans Peur meurt assassiné par d’un coup de trop… un coup d’Armagnac, bien sûr.

Tour Jean sans Peur

20, rue Etienne Marcel 75002 Paris

Site : www.tourjeansanspeur.com


17/04/2007

Paris Pollen

Par Mister de Paris

C’est le printemps et vous rêvez d’un survol romantique de Paris. Mais le plan Vigie-Pirate vous l’interdit et quand bien même, vous n’avez pas le sou pour telle équipée.
Paris Croque-Note vous file la bonne combine : Allez sur les quais de Seine, le quai Conti par exemple. Empruntez poliment à un marchand du Temple, une Tour(iste) Eiffel Made In China. Posez-la délicatement sur une congère de pollens, de capitules femelles et de poils foliaires tombés du platane du coin. Accroupissez-vous, faites la photo et hop, le tour est joué : Mer de nuages sur Paris ! Enjoy.

PS : moins poétique mais plus intéressant pour les allergiques, lire ici.

15/04/2007

Le centre Pompidou



Par Miss Terre…

Il scandalise les parisiens. Il amuse les touristes. Il offre son parvis aux saltimbanques. Il offre sa bibliothèque aux étudiants. Cette même bibliothèque étire sa file d’attente sur des dizaines de mètres de trottoir. Il montre ses entrailles, exhibe ses tuyaux, affiche les milliers de visiteurs qui s’agitent dans ses tubes transparents comme autant de globules rouges. Dans son ventre, il abrite le portrait de son père. Un président mort prématurément, Georges Pompidou. On l’aime ou on le déteste (le centre comme le président, bien que du président, nous n’ayons gardé qu’un lointain souvenir). Finalement, on s’y habitue. Il se fond dans le décor, taille une place à ses appendices multicolores au creux des pierres hausmaniennes. Certains l’appellent Beaubourg, en souvenir du passé, en souvenir du village Beau Bourg au 11ème siècle dont ils ne se souviennent même pas. D’ailleurs, à cet époque déjà, le village, en fait insalubre, était ainsi ironiquement nommé car il n’était fréquenté que par la fange de la populasse, brigands, prostituées, détrousseurs… Mais qui donc a bien pu évoquer la théorie de l’histoire cyclique ?

13/04/2007

Tête de gondole

Par Mister de Paris

Hier soir, la Galerie André Girard portait fière son acronyme : GAG.

Philippe Mougey et Jean Cabut inaugurent leur expo « Têtes de Gondoles », sculptures et lithos. Et pour se gondoler, ça se gondole, rue Campagne-Première, chez Danielle Delorme. Mougey et Cabu coupent le ruban, la fanfare exécute la Marseillaise, paix à son âme, puis nous entrons, communion rigolote, dans le ventre de la présidentielle où Chirac bonnasse, Sarkozy effraie, Bayrou pédale, Laguillier désopile, Lepen terrifie et Royal accueille.

Haaaa Mougey , sculpteur résolumment à suivre ! Jean-François Duffau, son prof de modelage du temps pas si éloigné des Beaux Arts, est là, en pâtre d'un autre âge, en Justin Bridou mais en vrai et en mieux. Il a dans sa besace une p'tite chienne échevelée, Césarine ; hommage à ses 25 ans de compagnonage avec César. Hugues Auffray, non loin, semble siffloter "Adieu, monsieur le professeur...". Adieu César, bonjour Mougey. De l’autre côté de la rue, dans l’annexe de la galerie, De Gaulle, descend les Champs-Elysées, sans Concorde ni Arc de Triomphe. Vanitas, vanitatum. Filez rue Campagne-Première, au 7, je vous dis.

12/04/2007

Médaille Miraculeuse

Par Mister de Paris

Le mystère de la médaille soviétique incluse dans le macadam de l’avenue Denfert-Rochereau, avait fait, on s’en souvient, grand bruit. Après une minutieuse enquête, Paris Croque-Note est en mesure de vous révéler l’entière vérité. En 2003, Soleimane, proprio d’un commerce de presse depuis 15 ans est en bagarre contre le projet municipal consistant à faire passer un couloir de bus sur son trottoir. Il profite d’une rénovation de celui-ci pour y inclure la fameuse médaille. Un acte de résistance, certes modeste, certes passive mais miraculeuse puisque il fut décidé que les bus passeraient au milieu de l’avenue et non sur ses étals. C’est un touriste russe qui lui a échangé, un jour, cette médaille contre une pièce de monnaie ouzbek oubliée sur son comptoir.

Soleimane a arrêté la vente de presse en septembre dernier, puisque celle-ci se vend de moins en moins bien, mais continue d’être le libraire et le papetier du quartier. On y croise des habitués, des gamins mais aussi les vieux prêtres, ses voisins de la maison de retraite où Monseigneur Lustiger finit ses jours. Il y a aussi le passage de touristes en short, en quête de livres pas chers ou d’autres, en panne de sudoku.

Soleimane, est iranien, réfugié politique. Il a aujourd’hui la double nationalité. Il y a plus de trente ans, après des séjours en Angleterre, en Italie, en Suisse, il a fini par choisir la France pour poursuivre, à Paris, ses études en urbanisme mais aussi, ajoute t’il, par amour de la République. Celui qui avait fuit le régime du Shah pour ne plus pouvoir rentrer en Iran après la révolution islamique est un joueur d’échecs redoutable. Mon frère aîné, affirme-t-il, champion d’Iran de l’époque n'a jamais réussi à me battre. Depuis, Soleimane a laissé tomber : La nuit je ne rêvais plus que de combinaisons et de parties. J’ai dû arrêter. Je devenais fou. Une fois, j'ai joué contre un type. Je lui ai dit, montre-moi la case où tu veux que je te mette mat. Il a souri, m’a désigné l’endroit et en douze coups, il était mat !

Soleimane fait la causette à sa clientèle, parle culture mais aussi vie quotidienne, cherche à décrocher des sourires, juste pour le plaisir. En revanche, s’il lui arrive de s’absenter de sa boutique, il convient pour le client de payer ce qu’il prend. A cet effet, Soleimane, laisse sa photo sur le comptoir, histoire de rappeler qu’il faut toujours régler ses dettes. Sans quoi, le papetier pourrait se faire janissaire… Soleimane rigole, un vieux curé sort du 94 de l’avenue Denfert-Rochereau et d'un pas lent et sans malice marche sur la médaille ; vous savez, celle du début, la soviétique, la miraculeuse.

10/04/2007

Battre la campagne

Par Mister de Paris

Mougey et Cabu vont battre la campagne… à plate couture. Ils vont la battre au 7 de la rue Campagne Première, Galerie André Girard. Après demain, 12 avril, vernissage de l'expo "Têtes de gondoles".

Ils seront là, Mougey et Cabu tout en fils de Daumier, la liberté en sautoir et la caricature en vérité. Ils seront en couple, comme Ségolène et François, comme Nicolas et Cécilia, en couple infernal qui fait, chaque semaine, les belles pages de Charlie Hebdo (comme d'autres celles de Paris-Match).

Jubilatoire est cette exposition tant pour la cruauté des sculptures de Mougey que pour les raccourcis géniaux des lithos de Cabu. La comédienne Danielle Delorme se marre. Sa galerie de peinture, dédiée à son père, le peintre André Girard, commence à ressembler à un rigolo bureau de vote, à un isoloir de liberté. Pour l'heure, au 7 de la rue Campagne Première, on s'active et on fignole. On vient de mettre Sarkozy en vitrine, tête de gondole inquiétante, bien droite sur une chaise de jardin. Il interpelle le chaland. Celui-ci se marre franchement.

"- Bon signe et bon augure, croise les doigts la comédienne qui verrait bien une présidente pour conclure la Vème République".

09/04/2007

Les ponts de Paris



Par Mister et Miss Terre de Paris


Comme le chantait Reggiani, “La Seine fiancée de France, a des centaines d’alliances, ce sont ses ponts”. Certes, la promise aurait le doigt bien crochu. Mais ses bijoux ont le mérite d’être originaux et tous coulés dans un moule différent.De Grenelle ou de Garigliano, National ou Royal, nommé Marie ou Alexandre III, les ponts de Paris luttent pour se tailler une place dans nos mémoires. Et pour cause. Qui sait parfaitement distinguer le pont de la Tournelle du pont Sully ? Le pont d’Arcole du pont au Change ? Si vous y arrivez, je vous en félicite. Mais saurez-vous citer les 37 ponts parisiens qui enjambent la Seine ? Je vous laisse réfléchir pendant cette petite balade.

06/04/2007

Doctor Jacky Chan

Par Mister de Paris

Les familiers du Montparnasse l'ont forcément vu une fois, l'éléphant blanc, l'étrange Sisyphe. Il croise tout droit, tout seul, le jour, la nuit, qu'il vente, qu'il pleuve sur les boulevards. Il les embouteille parfois au gré de l'opiniâtreté de son pas lent et joue souvent sa vie entre bus et bagnoles. Doctor Jacky Chan dit avoir été médecin en Californie, une vocation initiale pour sauver d'un mal étrange sa mère vietnamienne. C'était à l'époque de la chute de Saigon. S'ensuit un curieux destin pour ce réfugié à Paris, persécuté depuis vingt ans par les attaques électromagnétiques que lui lance en permanence le FBI. Il a réussi à fuir les États-unis et aime la France qui s'oppose à Bush. Il a réussi à se protéger tant bien que mal des attaques d'ondes du FBI, responsables selon lui du crash de Charm el Sheikh mais également aussi de celui du Concorde. Sa parade : une arme secrète planquée dans son caddie recouvert, comme ses chaussures, de sacs plastiques blancs. Il pousse sa prédication, son avertissement et sa solitude sur les boulevards, sans répit.

Depuis qu'il erre dans Paris, on lui a tout volé. On, ce sont les agents du FBI. Jacky voulait apprendre le français, s'était procuré des manuels, mais même ça, ils les lui ont piqués. Voilà pourquoi, il parle anglais aux commerçants des rues et aux patrons des restaurants qui lui donnent eau, nourriture et sacs plastiques. Chaque visite ne saurait excéder une à deux minutes. Doctor Jackie Chan sait, en effet, que le FBI est très rapide pour voler ses affaires planquées dans le Caddy abandonné. A ceux qui lui donne la pièce ou le ticket restaurant, il offre en échange sa vie photocopiée en français approximatif : Un véritable roman, écrit serré. Doctor Jacky Chan dit savoir tout soigner, le corps comme l'âme : "Quand vous aurez un problème, vous pourrez le comparer à mon énorme problème et ainsi vous dire qu'il est plutôt petit comparé au mien. Cela vous aidera à être exceptionnellement fort, comme moi, dans n'importe quelle situation et n'importe où". Cette nuit il dormira dans l'abris bus au pied de l'Observatoire. Une façon peut-être de conjurer son sort, celui d'être en permanence surveillé par les minuscules caméras des agents du FBI. On peut lui laisser des messages au 60 du boulevard du Montparnasse, à la Pizzeria Capri. J'aime bien ce type.

PS : Un aléa technique, comme on dit, a provoqué une interruption de 48 heures de Paris Croque-Note. Mais tout est rentré dans l'ordre depuis midi. Toutes nos excuses. ;-)

04/04/2007

Peuplade

 Par Miss Terre de Paris

Et si Paris n'était qu'un grand village ? C'est du moins ce que les membres de Peuplade essayent de concrétiser. Peuplade ? Ou www.peuplade.fr, sans "s" s'il vous plaît. Un site Internet qui contredit tous ceux qui prétendent que le web nous éloigne les uns des autres.

Peuplade, c'est un peu le Meetic du voisinage. Rassurez-vous, c'est juste une métaphore. On ne vous demandera pas d'épouser votre boulanger, ni de vous pacser avec l'étudiante du cinquième : juste de vous rencontrer. Et ça marche ! Mercredi dernier, une foule bariolée se réunissait Chez Irène et Bernard , dans le 17ème, histoire de passer un bon moment entre voisins de palier, de rue, d'arrondissement. Stéphane, directeur technique de Peuplade nous explique le concept du site Internet. Ouvrez grand vos oreilles, un voisin cherche peut-être à rentrer en contact avec vous...



02/04/2007

In Bed With Charles Pigeon

Par Mister de Paris

En voici de la tombe, de la kitsch à souhait, dans un coin du cimetière Montparnasse. Les époux Pigeon sont aux lits, habillés. Madame Pigeon, plein phares aux haut plafond de Paris, attend on ne sait quoi. Monsieur Pigeon lui, médite au dessus de ses notes. Un ange prétentieux veille sur cet ennui conjugal. Quelle peut bien être la symbolique de cet amusant cénotaphe ? Madame Pigeon insatisfaite attend-elle quelque câlin d’un Monsieur Pigeon préférant rimailler d’une muse taquine quoique incertaine ? La nuit tombe, va les bouffer et je les entends d’ici, les Pigeon, bougonner. Faire l’amour dans le noir ne les divertit plus, pour sûr. Il leur faut du nouveau, là tout de suite. Inventer un truc à coucher dans le carnet de Monsieur Pigeon, une roucoulade moderne, un piment fin de siècle.

- Une idée, vite, Charles, susurre l’impatiente à son inventeur d’époux, vite.

Ni une, ni deux, dans la pénombre de la chambre, griffone Monsieur Pigeon, yeux tous plissés, au bord de la canne blanche. La nuit est sur eux, en couette trop épaisse.

Et c’est ainsi et pour cela que fut inventée la Lampe Pigeon , garantie inexplosible. Pour lire au lit ou plus si affinités. La lampe Pigeon, une facétie conjugale, une réussite commerciale, l’histoire inavouée du chevet de nos grands-mères.