13/01/2007

La France Renaissante

Par Miss Terre de Paris

Les statues ont-elles une âme ? Nul ne sait. Toujours est-il qu’elles ont des yeux, et que si leurs bouches n’étaient ni de pierre, ni de bronze ou ni de marbre, elles nous raconteraient ce qu’elles regardent. Ma foi, elles n’auraient que cela à faire. Hélas, quelles qu’elles soient, toutes les statues restent de marbre.

Pétaradant du solex sur le pont Bir-Hakeim, j’avise une sorte de cavalier à coudière de rollers, juché en équilibre précaire sur un cheval au cou incroyablement allongé, et l’épée étrangement gondolée. L’allégorie me souffle que je dois y voir l’hexagone requinqué, autrement dit, la France Renaissante .

Voilà soixante-dix-sept ans que la France s’extirpe à nouveau du ventre de sa mère, figée dans son bronze verdi aux coulures blanchâtres. Elle a dû en voir de ces choses. Je l’interroge du regard. « C’est parce que vous avez essayé de raboter la tour Eiffel que votre épée est si tordue ? » Visiblement, La France peine à pousser son premier cri. Le silence me gifle insolemment le visage. Je me place dans l’axe de la statue de Wederkinch et ferme un œil. Puisqu’elle ne veut pas m’avouer ce qu’elle fixe depuis tant de temps, je vérifierai par moi-même. Dans le prolongement du glaive tordu, j’aperçois qui chatouille les nuages gris de la capitale, le clocher de l’église américaine.

« C’était donc ça ! La France renaissante qui lorgne vers l’Amérique ! » Un coq dans la poitrine, j’inspire un grand coup d’air-Co2, la fièvre patriotique au 40°C sous le front. J’enfourche la pétrolette made in France et tourne le dos à l’amnésique de Bir-Hakeim .

Ce soir, je m’engouffrerai un jambon-croissant-beurre.

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