08/02/2007

Louis XIII dans le métro

Par miss Terre de Paris

Pickpocket, mendiants, voleurs, détrousseurs, chapardeurs, emmerdeurs, voyeurs : beaucoup n’aiment et n’aimeront jamais le métro pour la faune qu’on y côtoie. Les parisiens s’en passeraient bien. D’autres y trouvent sujet de conversation, d’indignation, d’inspiration. D’autres encore en font leur beurre, alourdissent les balances électorales du côté qui les enchante. Enfin, il y a moi, et quelques d’autres, qui vous diront que cela ne date pas d’hier, et qu’il n’y a rien de nouveau sous les étoiles des tunnels de Paris.

Les voyous, voilà quatre siècles qu’ils polluent le métro. Comment cela le métro n’existait pas au 17 ème siècle ? Mais vous avez raison, et je ne vous dirais pas le contraire. Pourtant, je peux vous assurer que l’ouvrage le plus vieux du métro date, non pas de 1898, année qui a connu les premiers travaux de la ligne 1, mais bien du temps de Louis XIII. Nous sommes sur le quai de la Station Châtelet-Pont au change, sur la ligne 7. Une rame est à quai, charge ses passagers. L’alarme retentit, puis les portes se claquent. Les rames s’ébranlent avant de s’engouffrer dans le tunnel. Mais à cet endroit-ci, en direction de Mairie d’Ivry-Villejuif, la voûte est plus large. Pourquoi ?

Nous sommes en 1642. Louis XIII cède au marquis de Gesvres des terrains entre les rues Saint-Martin et la place du Châtelet. Le marquis bâtit un quai, qu’il fait reposer sur une suite d’arcades. La faune du Paris d’alors, qui désire respirer une autre atmosphère que celle de la cour des miracles, trouve dans ces boyaux creusés sous les quais des antres de choix. Ce n’est qu’en 1860 que les arcades furent bouchées. Des voyous, on n’en parla plus. Pour le moment.

Quand les travaux de prolongement de la ligne 7 débutèrent, les ouvrières tombèrent sur l’ancienne réalisation du marquis, toutes encombrées (les réalisations) de tuyaux, de conduits d’égouts ou de gravats. Ce n’est pas la paresse mais bien la raison qui les poussa à utiliser l’ouvrage d’origine comme voûte à leur construction. Le 16 avril 1926, après le prolongement de la ligne 7 au sud, les usagers purent enfin admirer les vestiges de ce que l’on nommait « cagnards » (voûte à l’avant d’un port). Mais bien peu y firent attention.

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