06/04/2007

Doctor Jacky Chan

Par Mister de Paris

Les familiers du Montparnasse l'ont forcément vu une fois, l'éléphant blanc, l'étrange Sisyphe. Il croise tout droit, tout seul, le jour, la nuit, qu'il vente, qu'il pleuve sur les boulevards. Il les embouteille parfois au gré de l'opiniâtreté de son pas lent et joue souvent sa vie entre bus et bagnoles. Doctor Jacky Chan dit avoir été médecin en Californie, une vocation initiale pour sauver d'un mal étrange sa mère vietnamienne. C'était à l'époque de la chute de Saigon. S'ensuit un curieux destin pour ce réfugié à Paris, persécuté depuis vingt ans par les attaques électromagnétiques que lui lance en permanence le FBI. Il a réussi à fuir les États-unis et aime la France qui s'oppose à Bush. Il a réussi à se protéger tant bien que mal des attaques d'ondes du FBI, responsables selon lui du crash de Charm el Sheikh mais également aussi de celui du Concorde. Sa parade : une arme secrète planquée dans son caddie recouvert, comme ses chaussures, de sacs plastiques blancs. Il pousse sa prédication, son avertissement et sa solitude sur les boulevards, sans répit.

Depuis qu'il erre dans Paris, on lui a tout volé. On, ce sont les agents du FBI. Jacky voulait apprendre le français, s'était procuré des manuels, mais même ça, ils les lui ont piqués. Voilà pourquoi, il parle anglais aux commerçants des rues et aux patrons des restaurants qui lui donnent eau, nourriture et sacs plastiques. Chaque visite ne saurait excéder une à deux minutes. Doctor Jackie Chan sait, en effet, que le FBI est très rapide pour voler ses affaires planquées dans le Caddy abandonné. A ceux qui lui donne la pièce ou le ticket restaurant, il offre en échange sa vie photocopiée en français approximatif : Un véritable roman, écrit serré. Doctor Jacky Chan dit savoir tout soigner, le corps comme l'âme : "Quand vous aurez un problème, vous pourrez le comparer à mon énorme problème et ainsi vous dire qu'il est plutôt petit comparé au mien. Cela vous aidera à être exceptionnellement fort, comme moi, dans n'importe quelle situation et n'importe où". Cette nuit il dormira dans l'abris bus au pied de l'Observatoire. Une façon peut-être de conjurer son sort, celui d'être en permanence surveillé par les minuscules caméras des agents du FBI. On peut lui laisser des messages au 60 du boulevard du Montparnasse, à la Pizzeria Capri. J'aime bien ce type.

PS : Un aléa technique, comme on dit, a provoqué une interruption de 48 heures de Paris Croque-Note. Mais tout est rentré dans l'ordre depuis midi. Toutes nos excuses. ;-)

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