05/03/2007

Ohé partisans, ouvriers et paysans

Par Mister de Paris

C’est ici qu’il est tombé, sur ce perron, au saut de son dernier lit. Exécuté par un groupe de résistants, vers 05.30, le 28 juin 1944. Qui ? Philippe Henriot, le ministre de l’information, la « voix d’or » comme le surnommaient miliciens et collabos de l’Allemagne nazie occupante. De l’éloquence et de l’emphase, il en avait pour dégueuler sa haine du juif, du bolchevik, du franc maçon, à longueur d’antenne, sur Radio Paris. Il était la Propaganda Staffel du nazisme à la française. Ces gouttes de sang sur ces marches ne sont que café renversé, avant-hier, par un militant maladroit du parti socialiste. Il fumait sa clope, sur le perron sans savoir pourquoi je m’échinais à photographier ses pieds, à chercher quelque hypothétique impact de balle perdue. J’ai rougi les tâches de café d’un petit coup de Photoshop, histoire de dire, histoire de se souvenir.

Le siège du Parti Socialiste et QG de campagne de Ségolène Royal, au 10 de la rue de Solférino , ignore qu’il fut durant l’occupation le Ministère de l’information, la maison de Philippe Henriot. Les hasards de l’histoire ont voulu que ce repère de la Francisque devienne celui de la Rose au Poing, que les portraits du Maréchal et autres grands collabos soient remplacés par ceux, beaucoup plus rassurants de François Mitterrand, de Michel Rocard ou encore de Lionel Jospin. Dans les limbes de l’histoire errent peut-être encore les délires sonores d’Henriot. Mais à ceux-ci continuent de répondre la voix de Londres. De Gaulle ? Non, Pierre Dac sur la BéBéCé qui, une semaine avant l’exécution du ministre avait conclut un magnifique papier, Bagatelle sur un tombeau , par : Bonne nuit, Monsieur Henriot et dormez bien.

La résistance, d’une rafale de mitraillette se fit marchand de sable. La voix de la collaboration s’était tue. En représailles, les allemands firent exécuter, le 7 juillet, Georges Mandel .

L’histoire ne se fait que de petites histoires. Alors pour l’anecdote, sachez qu’en face du 10, rue de Solférino, au 5, siège la Fondation et l’Institut Charles de Gaulle. La Croix de Lorraine, la Rose au Poing, la Francisque… L’histoire improbable et singulière de l’héraldique d’une rue de Paris. Si j’osais, j’ajouterais la Croix-Rouge. N’est-ce point sur le champ de bataille de Solférino, en 1859, qu’Henry Dunant, traumatisé par cette boucherie impériale inventa la Croix-Rouge et fit de sa vie un long et vain combat pour tenter d’« humaniser la guerre ».

Pour la route : http://a1692.g.akamai.net/f/1692/2042/7d/pariscroquenote.blog.lemonde.fr/files/2007/03/west-indies-radio-adsl.1172954088.mp3


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